Rêver à Québec |
Avant d'exercer les tâches d'explorateur, de navigateur, de géographe, de scientifique, de naturaliste, d'ethnologue, Champlain était d'abord un rêveur...
Dès 1617, Champlain voit grand pour la petite bourgade de Québec, composée alors d'une poignée d'individus. Il songeait, il rêvait au développement d'une ville d'importance majeure, de la taille des grandes villes européennes.
Cette ville serait Ludovica, en l'honneur du roi Louis XIII et serait bâtie dans ce qu'on appele aujourd'hui la basse-ville...
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Encore la Marina |
30 mars 2006 |
Toujours sur la rue qui mène de la Marina de Cap-Rouge à la Plage Jacques-Cartier, ce propriétaire riverain est un amoureux des oiseaux. Le promeneur qui en est à sa première visite à la plage s'arrête immanquablement pour observer ce merveilleux ensemble hôtellier destiné à la gent ailée!
Le Tracel, ce pont ferroviaire suspendu au-dessus de la rivière Cap-Rouge est le symbole architectural par excellence de ce coin de Québec. Un jour, si la tendance se poursuit, son utilité deviendra difficile à prouver. Parions que ce jour-là, des gens lutteront pour sa conservation en tant que monument historique!
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Serge Alain @ 19:11 -- Lien permanent -- |
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Printemps renaissant à Cap-Rouge |
29 mars 2006 |
Fonte des dernières glaces sur le Saint-Laurent, tout près de la Marina de Cap-Rouge en direction de la Plage Jacques-Cartier.
L'arbre ploie sous le temps gris et le soleil timide. Bientôt, les marcheurs seront beaucoup plus nombreux , dès les petites heures du matin jusque tard après le crépuscule, tard après la brunante, au désespoir sans doute des habitants des quelques maisons de la plage.
En attendant la ré-installation de la passerelle donnant accès à ces bancs publics, la marée monte et descends inlassablement. Jour après jour, d'autres cargos remplaceront celui-ci, créant des vagues artificielles cinq minutes après leur passage tandis qu'ils remonteront jusqu'à Montréal ou vers les Grands Lacs.
Bientôt encore, l'air sera secoué par les musiques de jazz, de blues ou de samba, quand les orchestres pourront enfin se redéployer sur la terrasse du café-bistro attenant.
À Québec, on vit toujours dans l'espoir du printemps, en rêvant d'un été brûlant. |
Serge Alain @ 19:41 -- Lien permanent -- |
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Rue McMahon |
28 mars 2006 |
Souvenir du passage très marquant des Irlandais à Québec, dans une rue pourtant peu fréquentée du Vieux-Québec. Une croix celtique beaucoup plus imposante se trouve sur la Grosse-Île.
Paula Blair relatait que les Québécois ont pour la plupart une grand-mère irlandaise, ce qui est aussi exagéré que de prétendre que les Québécois ont tous du sang indien. Du point de vue généalogique, on peut facilement faire la part des choses.
Cependant, s'il est vrai que le sang indien coule dans à peu près un demi de un pourcent de nos veines, en moyenne, sans compter toutes les sortes d'influences qu'ils ont pu avoir sur nous, particulièrement durant le régime français, on peut en dire bien davantage des Irlandais durant le régime anglais au XIXième siècle où leur immigration était de l'ordre de centaines de milliers d'individus. La plupart sont partis sous d'autres cieux mais toujours en laissant leur marque dans notre culture.
Beaucoup d'orphelins irlandais arrivés à Grosse-Île ont été adoptés par des gens d'ici et malgré quelques conflits entre ouvriers canadiens-français et irlandais, une sorte d'osmose catholique a bel et bien eut lieu à Québec (notamment) et conduit à quantité de mariages productifs!
Outre ces malheureux monuments bien cachés, il nous en reste aussi une empreinte indiscutable dans notre fameux folklore musical. |
Serge Alain @ 20:50 -- Lien permanent -- |
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Perspectives, rue Couillard |
27 mars 2006 |
Dans mes années soixante, les manuels d'histoire enseignaient aux écoliers que Louis Hébert fut le premier colon français à venir s'établir à Québec en 1617.
Peu importe qu'il soit le premier ou le deuxième. Reste que le titre pourrait appartenir dans les faits à Guillaume Couillard, arrivé en 1613 et semble-t-il, le premier à utiliser une charrue sur le promontoire forestier qui allait devenir la capitale d'un nouveau pays. Quoi qu'il en soit, il épousa plus tard la fille de Louis Hébert, Marie-Guillemette.
L'obscure petite rue qui porte son nom serpente aujourd'hui dans le Vieux-Québec, à l'endroit même où sa charrue retourna la terre, après les durs désouchements d'arbres plusieurs fois centenaires.
Mes souvenirs de la rue Couillard me ramènent aux années soixante-dix. Des soirées enfumées au Café L'Ostradamus, de nuits passées dans une auberge de fortune, de ravitaillement étudiant à la petite épicerie du coin, tenue par la célèbre famille Bardou.
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Serge Alain @ 19:42 -- Lien permanent -- |
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Mise au point |
26 mars 2006 |
De nos jours, il n'est pas toujours évident de consolider un site web pour que l'apparence, notamment en ce qui concerne la résolution des images, soit aussi jolie selon qu'on utilise une plate-forme Mac, Windows ou Linux, et du coup, qu'on navigue avec Internet Explorer pour PC, Internet Explorer pour Mac, Safari, FireFox pour Linux ou Windows ou OSX, etc.
Personnellement, j'élabore mon blog à partir d'un Mac et du navigateur Safari. J'en suis assez satisfait. Sauf que quelques tests m'on permis de constater que le rendement des images ou la disposition du texte est parfois décevant sous d'autres environnements ou/et avec d'autres navigateurs.
J'en suis désolé et je vais tenter d'y remédier ces jours prochains. Et là, je n'ai pas l'intention de lancer un débat sur la qualité d'une technologie par rapport à une autre, quoique la tentation serait bien grande parfois!
Je vous remercie pour votre compréhension, bienveillants surfers. |
Serge Alain @ 18:51 -- Lien permanent -- |
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Avenue Royale à Beauport |
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L'Avenue Royale naît à Beauport pour aller mourir à Beaupré sur une distance de 30 kilomètres. Sans contredit, elle constitue la plus ancienne voie héritée du Régime français, hormis les rues du Vieux-Québec et le Chemin... Royal de l'Île d'Orléans.
La parcourir tranquillement nous permet de découvrir une véritable constellation de maisons québécoises anciennes, plus ou moins bien préservées, pas toujours rénovées selon les règles de l'art. Bien entendu, le passage des siècles donne à la vue d'ensemble un aspect bigarré. Mais le caractère de cette voie reste unique en soi et le plaisir de reluquer une belle d'autrefois au moindre tournant demeure une activité fort dépaysante.
Celle-ci est la Maison Vachon Lachance:
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Serge Alain @ 18:17 -- Lien permanent -- |
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Voices of English Quebec |
23 mars 2006 |
Je termine présentement la lecture du deuxième tome de l'ouvrage intitulé Les Anglos: la face cachée de Québec par Louisa Blair. Je ne saurais trop vous le recommander.
Lisez cette critique de Didier Fessou dans le quotidien le Soleil pour vous en convaincre, si je n'ai pas réussi.
Aujourd'hui, alors que la ville de Québec se targue d'être à 95% francophone, seulement surpassée sous ce rapport par la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, on a oublié trop facilement qu'il n'y a pas si longtemps, elle était une ville à moitié française...
Les noms des rues Turnbull, Maguire, Cooke, MacMahon, Côte Ross ou Fraser signifient quelque chose dans notre histoire qu'il faut se rappeler. Les églises du Vieux-Québec sont pour la plupart méthodistes ou anglicanes. Les institutions que sont les Jeffery Hale, le Club de la Garnison ou la Literary and Historical Society of Quebec marquent des moments très importants de notre cheminement.
On ne peut pas passer à côté. |
Serge Alain @ 22:49 -- Lien permanent -- |
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Québec, ville un peu écossaise! |
22 mars 2006 |
Certains touristes en visite à Québec soulignent l'allure britannique de la ville, en contradiction avec son unanime réputation française.
Québec, ville d'allure européenne? Va pour la Place Royale. Mais pour le Vieux-Québec et la Haute-Ville en général, l'allure n'est pas nécessairement celle d'une ville de province française. En ce qui concerne le reste de l'agglomération (ce qui fut jusqu'à tout récemment la banlieue), on pourrait même parler d'influences généralement nord-américaines, pour ne pas dire carrément américaines!
Cette façade de la rue Sainte-Geneviève parait plutôt écossaise... source
Ici, on parle surtout d'architecture mais aussi d'aménagements urbains, de parcs, de conception même de l'urbanisme, de propreté victorienne, d'érections d'églises et autres institutions bureaucratiques ou industrielles (banques, édifices publics, usines, etc.). Au fait, combien d'églises protestantes ou anglicanes le Vieux-Québec compte-t-il? Sûrement davantage que d'églises françaises catholiques.
Lorsqu'on fait le survol, on voit bien qu'une bonne partie du Québec historique a bel et bien été modelé sous les influences britannique, irlandaise et en particulier, écossaise. L'apport français subsiste indubitablement, l'adaptation au climat québécois n'est pas négligeable mais dans l'ensemble, nous devons reconnaître que l'anglophone a laissé ses traces partout.
Après deux cent ans de domination, ça ne peut faire autrement!
Les Anglophones à Québec: histoire à suivre... |
Serge Alain @ 21:28 -- Lien permanent -- |
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Les As du papier |
21 mars 2006 |
La compagnie Anglo-Canadian Pulp and Paper a vu le jour en 1927. Son histoire est celle de milliers d'ouvriers québécois.
D'autre part, peu de gens savent que l'équipe de hockey Les As de Québec fut la propriété de la compagnie, entre 1928 et 1953. L'acronyme ACES s'explique par: Anglo Canadian Employees...
En 1960, la célèbre Anglo-Canadian Pulp and Paper de Québec est achetée par la compagnie Reed Paper, vieille papetière fondée en Angleterre par Albert Reed en 1894. Cette dernière s'en défait en 1988 au profit de la japonaise Daishowa.
Savais-t-on que l'occupant suivant (2001), Papiers Stadacona, était la propriété du fameux groupe Enron? Au moment de sa cession au groupe Peter Brant, Papiers Stadacona était la cinquième usine de papier journal en Amérique du Nord.
Lorsque j'habitais Saint-Roch dans les années 1978-1981, nous devions parfois fermer nos volets même durant les journées de canicule, pour empêcher l'odeur unique de la pulpe de pénétrer dans notre appartement.
Paradoxalement, depuis ce temps lorsque je respire cette odeur au hasard d'une promenade en basse-ville, plusieurs beaux souvenirs me reviennent en mémoire...
C'est ça la vie! |
Serge Alain @ 19:45 -- Lien permanent -- |
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Souvenir d'un censitaire de Sainte-Foy |
20 mars 2006 |
L'une des rares maisons datant du régime français sur l'ancien territoire de Sainte-Foy, la Maison Routhier occupe aujourd'hui le Centre d'arts textiles (3325, rue Rochambeau).
Elle fut érigée vers 1755 et classée monument historique deux cents ans plus tard.
Je me rappelle d'une autre maison d'un âge semblable. Elle était située à l'endroit où se croisent le Chemin Sainte-Foy et le Chemin des Quatre-Bourgeois, face au Collège Saint-Lawrence. Elle fut démolie, malgré plusieurs représentations auprès de... la mairesse de l'époque. Aujourd'hui y trône un petit complexe abritant quelques établissements de restauration rapide. Quelqu'un s'en souvient?
Note du 21 mars:
Merci à Monsieur Jean-Pierre Chamard qui me confirme que la Maison Bonhomme-Falardeau, anciennement située au 2491 Chemin Sainte-Foy, fut incendiée puis rasée en 1986. Sa construction avait débuté en 1764. |
Serge Alain @ 18:37 -- Lien permanent -- |
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Colombages |
19 mars 2006 |
Pacifique boulevard des Alliés à Limoilou.
Une rue baptisée suite aux guerres, sans doute. Mais aucun lien avec la "guerre des clans", les fusions ou l'ex-maire L'Allier!
Un boulevard qui ne mérite pas ce titre: un simple petit bout de rue, aux vieux arbres dominants, parsemé de jolies maisons (parfois avec de faux colombages ) et qui meurt tout au loin sur le Colisée de Québec (aujourd'hui Le Colisée Pepsi, puisqu'il faut bien commanditer tout ce que les payeurs de taxe ne peuvent plus payer!).
Lorsque j'habitais Limoilou, le boulevard des Alliés représentait une des belles rues de ce quartier, où j'aurais pu m'imaginer facilement finir mes jours paisiblement.
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Serge Alain @ 20:13 -- Lien permanent -- |
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Vieux-Québec, Vieux Carré |
17 mars 2006 |
Québec et la Nouvelle-Orléans: Paysages imaginaires français en Amérique du Nord
À lui seul, le titre de cet essai de Martine Geronimi, professeure au département de Géographie de l'UQAM, paru aux Éditions Belin (Collection Mappemonde, octobre 2003) me semble prometteur.
Sincèrement, je ne l'ai pas encore parcouru. Issu d'une thèse universitaire, je redoute que le langage employé soit un peu hermétique, si je me base sur cette phrase de l'auteure:
Il faut considérer la dynamique géographique qui transforme les valeurs culturelles en paysages construits...
Doit-on rappeler que le fruit de ces recherches est antécédent au passage démoniaque de Katrina... Cependant, il doit forcément contenir de fort intéressantes comparaisons, ainsi que le révèle cette citation d'un article consacré à cet ouvrage:
Si les deux villes illustrent la vénération de notre époque pour le passé, elles présentent toutefois deux aspects opposés des valeurs françaises en Amérique: le vice et la vertu, soutient l'auteure. "Le Vieux-Québec évoque une majesté, alors que le Vieux Carré représente la légèreté. Cette désinvolture toute créole, héritée des Français, vilipendée par les Américains du siècle passé apparaît fort recherchée de nos jours... De son côté, le Vieux-Québec capitalise l'authenticité de la langue française encore parlée en Amérique... l'opiniâtreté des premiers colons qui s'affirment dans la fresque des Québécois. Le romantisme associé au Vieux-Québec est fait de pureté voire de virginité."
À lire aussi.
Source des images: (1) (2) |
Serge Alain @ 08:01 -- Lien permanent -- |
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La Colline de Québec |
14 mars 2006 |
Plusieurs voyageurs de passage à Québec au XIXième siècle voyaient de belles ressemblances entre le site de Québec et celui de Calton Hill en Écosse.
C'est du moins l'avis d'André Duval, dans son agréable essai, Québec romantique (Boréal Express, 1978, p.65).
Voyons voir:
Tout comme Rome, Edimbourg compte sept collines. La vue à partir de l'une d'elle, Calton Hill, n'est pas sans rappeler en effet la vue du haut du Cap-Diamant.
Bon voyage!
Sources des images: (1) (2) (3) |
Serge Alain @ 19:55 -- Lien permanent -- |
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Citoyens, à la pelle! |
12 mars 2006 |
Jean-Claude Marsan, architecte, urbaniste et professeur à l'Université de Montréal, écrivit une vingtaine d'années plus tôt un ouvrage qui fit référence sur l'histoire architecturale de la métropole: Montréal en évolution, Éditions Méridien, 1994. Si l'histoire de Montréal vous intéresse, je vous recommande fortement une visite à votre bibliothèque locale.
Or, ce soir, je lisais un très beau résumé de l'histoire de l'architecture au Québec, sous sa plume.
Compte tenu de l'accumulation notable de neige que nous avons connue cet hiver, du moins dans la région de Québec, le passage suivant m'a beaucoup amusé... Il me faut préciser qu'à chaque hiver, lorsque les chutes de neige m'impressionnent ou que les chutes de température se font persistantes, j'ai souvent une petite pensée pour nos ancêtres qui ont défriché ce pays, et en particulier pour les pauvres Français qui n'avaient jamais rien vu de tel avant de venir s'établir ici:
Pour sa part, le rang offrait une réponse adéquate à plusieurs besoins et à de nombreuses contraintes. Comme les cours d'eau constituaient à l'époque les principales artères de communication de la colonie (et une des grandes ressources alimentaires), cette distribution serrée de censives étroites permettait d'en assurer l'accès au plus grand nombre. La même économie se réalisait par rapport aux routes. De même, ces longues terres étroites permettaient aux censitaires de jouir privément de leur domaine (un précieux privilège pour la majorité), tout en demeurant très près de leurs voisins pour mieux se défendre et s'entraider. Exemple: pour maintenir ouvertes les voies de communication terrestre durant les longs mois d'hiver, chaque censitaire n'avait qu'à déblayer le chemin de desserte sur une distance correspondant à la largeur de sa terre.
Y avez-vous pensé? En largeur, combien mesurait un rang, une terre concédée durant les siècles derniers?! Les familles pouvaient bien compter de nombreux enfants (et plus vaillants que ceux de notre ère, dont je suis) mais puisque la souffleuse n'était que science-fiction pour nos aïeux, je comprend pourquoi on répète que les "chemins" étaient peu praticables en ces temps-là...
À propos, qui a inventé la pelle à neige? Un Suédois, un Russe?... Je parie presonnellement que ce sont les Québécois qui l'ont perfectionnée!
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Serge Alain @ 19:52 -- Lien permanent -- |
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Rue Buade |
10 mars 2006 |
Dans le Vieux-Québec, certaines façades en mettent plein la vue durant le temps des Fêtes. |
Serge Alain @ 16:17 -- Lien permanent -- |
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La Quete du Passage |
08 mars 2006 |
Entre les années 1500 et 1700, le but ultime des explorateurs du Nouveau-Monde reste la découverte d'un passage plus court vers la Chine et les autres contrées d'Asie. Les épices, soies et métaux précieux excitaient la convoitise des rois et marchands de l'époque, tant était forte la demande pour ces produits en Europe.
En 1520, le portugais Ferdinand de Magellan contourne la Terre de feu, au sud de l'Argentine actuelle et trouve ainsi le premier passage. Avant lui, en 1502, Colomb découvre Panama mais aucun bateau ne traversera cet isthme avant l'inauguration du canal en 1914... Cependant, Français et Anglais notamment, sont convaincus qu'un passage via l'Atlantique Nord, forcément plus court pour eux, doit logiquement exister.
De ce point de vue, l'observation du parcours de ces explorateurs sur des cartes géographiques est particulièrement révélatrice. Or, Samuel de Champlain n'y a pas échappé, on est porté à l'oublier lorsqu'on veut célébrer l'anniversaire de tous les établissements qu'il a fondés ou reconnus en premier.
On imagine très bien ces petits navires de bois longer les littoraux, sans vraiment chercher un établissement durable, remonter toute rivière rencontrée, qui mènerait ultimement vers le Pacifique tant rêvé, reconnaître toute étendue d'eau plus vaste, interrogeant les Indiens qui les conduisaient sans doute sur toutes sortes de pistes prometteuses.
Ainsi que des pics-bois cherchant méticuleusement l'issue vers le centre de l'arbre... |
Serge Alain @ 21:23 -- Lien permanent -- |
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Petite rue pour un grand homme |
07 mars 2006 |
Au hasard de la rue Petit-Champlain, au soir de Noël dernier.
Il y eut au fait deux rues Champlain à Québec. On nomma la plus ancienne et la plus courte en "Petite rue Champlain", que les Anglais traduisirent plus tard par "Little Champlain street". Lorsqu'on s'avisa enfin de redonner à la rue un nom français, on re-traduisit tout simplement et bien maladroitement: rue du Petit-Champlain... Admettons que cette maladresse donne aujourd'hui un cachet fort attachant au fondateur de Québec!
Pour en savoir davantage, il faut consulter le patient travail de Jean Poirier: Noms de rues de Québec au XVIIe siècle, origine et histoire |
Serge Alain @ 20:45 -- Lien permanent -- |
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Aurore sous le Tracel |
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Une belle d'autrefois, au portique givré, somnole sous le Tracel de Cap-Rouge, juste avant le lever du soleil.
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Serge Alain @ 20:03 -- Lien permanent -- |
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Le Bon Temps des Atocas |
06 mars 2006 |
Les historiens ont aimablement entretenu quelques belles légendes sur l'Ordre du Bon Temps instauré par Samuel de Champlain en Acadie durant l'hiver 1606-1607.
Je vous suggère la lecture du chapitre qui lui est consacré dans le magnifique recueil rassemblé par Raymonde Litalien et Denis Vaugeois: Champlain, la naissance de l'Amérique française.
Moi-même, j'étais porté à y voir une quelconque origine de la bonne humeur proverbiale de nos aïeux. S'amuser, fêter, faire bombance, malgré le froid, la misère, l'adversité. Quel beau symbole historique!
Les convives s'amènent un par un, avec un plat à bout de bras, le premier dans la file portant à son cou un collier d'apparat qu'il donnera "au suivant" à la fin du festin, à charge de faire la chasse et la pêche pour le repas du lendemain, tandis que la musique joue autour et que quelques chefs indiens émerveillés applaudissent.
On se gave de gibier, de poissons, de fruits et légumes et aussi, de bon vin. Tant pis pour le froid et l'hiver, on se réchauffe en chantant, en mangeant, la Dolce Vita manière québécoise (future "pure laine"). Et parait-il, on y découvre incidemment les vertus de la canneberge (éventuellement, les atocas de nos réveillons ultérieurs... Atocas, sans doute un mot emprunté d'une langue amérindienne et qui, selon l'auteur, a contribué à fournir de la vitamine C à nos colons en mal de scorbut... je vais y revenir).
Semble-t-il, la réalité mérite qu'on partage les faits...
- Le but premier de l'Ordre du Bon temps était de bien se nourrir pour contrer le scorbut, justement, qui faisait perdre les dents, moisir les gencives et ultimement, mourir des dizaines de valeureux colons.
- Il fallait en outre cultiver la bonne humeur, remède universel contre la maladie mais aussi encourager l'absorption de viandes fraîches et autres denrées propres à la consommation, ce qui n'était pas toujours la norme en ces temps et en ces lieux.
- Psychologiquement, l'Ordre visait à donner de l'espoir aux pauvres petits gars de France, perdus dans le froid et prêts à se mutiner à la moindre occasion.
- Ainsi que d'impressionner les Indiens, accoutumés aux "mauvaises manières" et aux croyances inacceptables aux yeux de ces bons Catholiques. Selon Marc L'Escarbot, l'âme derrière l'Ordre du Bon temps:
En ces manieres de civilitez je n'ay dequoy louër noz Sauvages, car ils ne se lavent point és repas s'ils ne sont exorbitamment sales: et n'ayans aucun usage de linge, quand ils ont les mains grasses ils sont contraints de les torcher à leurs cheveux, ou aux poils de leurs chiens. De pousser dehors les mauvais vents de l'estomach, ils n'en font la difficultez parmi le repas".
Je suppose que les manières des Français étaient à peine plus "acceptables", en cette période où la fourchette n'avait pas encore été inventée.
- À une époque où la cuisine sophistiquée commençait à prendre ses aises à la Cours de France, pour donner naissance à ce que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de "gastronomie française". Ou l'Art de la Table. Il fallait donc suivre la mode et l'implanter dans les contrées sauvages.
- Le cérémonial devant entourer la procession vers le repas et durant celui-ci avait quelque chose de saint, de royal, de prestigieux, comme le dernier repas de Jésus avec ses apôtres, tout en étant un symbole de partage: on y conviait quelques-uns des subalternes de la colonie, on donnait du pain et du vin aux chefs indiens, Une communion, quoi.
Toujours est-il que Champlain n'a pas répété la coutume de l'Ordre une fois rendu à Québec. On ne sait pas pourquoi.
Mot de la fin: la chrétienté est savamment évoquée par l'auteur pour expliquer l'instauration de l'Ordre du Bon Temps (sauf Jérusalem comme tel).
En créant l'ordre de Bon Temps, l'élite de la colonie du Port-Royal avait voulu transplanter l'art de vivre de l'aristocratie française. (...) Au contact des réalités du Nouveau Monde, une nouvelle France naissait, déjà bien différente de l'ancienne. |
Serge Alain @ 23:04 -- Lien permanent -- |
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Dans les airs |
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Samedi dernier, à la Base de plein air du Mont-Bélair à Val-Bélair...!!
Du haut de ce promontoire, par temps clair, on peut observer les Appalaches au fond de l'horizon...
Oui, c'est à Québec... enfin, dans la nouvelle ville unifiée! |
Serge Alain @ 20:40 -- Lien permanent -- |
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Le premier choix de Champlain (2) |
05 mars 2006 |
Nous devons admettre que le premier choix de Champlain était le passage vers la Chine par le Nord. Toute sa vie durant, son oeuvre extraordinaire visait ce but ultime.
Le passage vers la Chine par la voie du Nord.
C'était le "go west, young man" des XVIème et XVIIème siècle, aux yeux des Français et des Anglais, car Espagnols et Portugais privilégiaient la passage par le Sud. L'obsession du temps n'était donc pas l'établissement en Amérique (malgré fourrures, huile de baleine, bois et "faux diamants") mais bien l'espoir d'un Ouest... qui conduirait les bateaux commerçants vers l'Est. Vers l'Orient de tous les rêves.
Champlain avait fondé cet étranglement du fleuve de Québec avec l'idée de faire payer des droits de passage aux éventuels commerçants en route vers l'Orient, car croyait-il, la route du fleuve menait nécessairement à la mer de Chine. Québec consistait donc, malgré tout ce qu'on a raconté sur les visions de Champlain, en un comptoir commercial, un laisser-passer obligé vers la soie et les épices, un grand Gibraltar à péage.
Durant les siècles qui suivirent, on a finit par comprendre que, à défaut de passage vers l'Orient, le fameux fleuve Saint-Laurent ne servirait que de porte d'entrée vers le continent américain, une porte vers l'intérieur de la Terra Nova. Et on s'en accommoda fort bien d'ailleurs. Ports, constructions navales, voies ferroviaires et garnisons armées.
Aujourd'hui et depuis toujours, et encore en 2008, on félicitera notre valeureux explorateur de Brouage pour l'oeuvre qu'il a fondé à Québec: un établissement français en terre d'Amérique.
Faudra seulement se rappeler qu'il a exploré la Floride, les côtes de la Nouvelle-Angleterre puis l'Acadie avant d'aboutir à Québec, en guise de consolation.
Un jour, il a abdiqué de son rêve. Il est tombé en amour avec ces terres qu'on lui a concédées. Il a adopté cet hiver cruel et finit par se dire qu'un Ordre du Bon Temps, finalement, ne serait pas si mal.
Ce choix imposé, ce deuxième choix nous a donné naissance en tant que petit peuple du Froid, petit peuple issue de la Grande France. De la Grande Bretagne, éventuellement. Mais toujours du Froid.
Coming in from the Cold. |
Serge Alain @ 20:50 -- Lien permanent -- |
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Le Reve et l'Ennui |
02 mars 2006 |
Les centre commerciaux, nombreux à Québec, sont peuplés de rêveurs à toute heure du jour.
L'ennui est la marque de commerce du manque de rêves, sans doute. Bref, l'ennui est une marque de commerce.
Fouiller les magasins défoule. Dépenser nous aide à refouler nos petits problèmes. Quand on a plus un sous, alors, on déambule, somnambule, dans les couloirs de la consommation, en se disant, soit que personne ne nous aime ou alors qu'il faut acheter un truc pour celui ou celle qu'on aime, qui nous aime, afin qu'il ou elle nous aime mieux.
Parfois dérisoire comme vie lorsqu'on existe dans nos sociétés occidentales. Acheter des biens nous procure des plaisirs éphémères. Pourtant, je n'y échappe pas moi-même. Surtout si ce "bien" consiste en un moyen de voyager: voiture, train, avion...
Tous les trains Tous les bateaux Tous les avions Ne m'emmèneront Jamais assez loin
- Louise Forestier, chantée par Isabelle Boulay
Pour peu qu'on sorte du centre commercial, qu'on sorte de la ville ou du pays, bref qu'on sorte de la réalité de notre petite semaine, on peut finir par admettre qu'on fait partie d'un monde gâté et gâché par l'opulence.
Ne pas pouvoir acheter ce truc auquel on a pensé l'autre jour peut nous tuer. À Québec comme à Madrid ou à Montréal ou à New-York. Ailleurs, c'est le manque d'eau ou de nourriture qui tue. Ou alors, partout ailleurs, l'envie de posséder ce qu'on a pas.
Il fait vraiment froid dehors. |
Serge Alain @ 20:30 -- Lien permanent -- |
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Chanson à répondre : le blues de la couturière de brassières |
01 mars 2006 |
Tout le monde connaît cet austère édifice de briques rouges, allongé sur le boulevard Charest, jusqu'au coin Dorchester. Avec sa tourelle caractéristique pourvu d'une horloge. Certains d'entre vous l'avez connu tout jeune sous le nom de la compagnie d'origine, Dominion Corset. Puis ce fut Daisy Fresh. Quelques jeunots doués y fréquentent maintenant l'école des arts visuels de l'Université Laval.
Un siècle durant, un interminable cortège matinal s'y engouffrait. Cette file indienne se composait de vierges de tous âges. Du moins c'est ce que la Compagnie souhaitait, jusqu'à la fin des années cinquante. De fait, elle exigeait de ses employées le serment de renoncer au mariage, sous peine d'être congédiées. Dans le contexte de l'époque, cela équivalait dans beaucoup de cas à porter la ceinture de chasteté. Une ceinture : étrange paradoxe pour une usine qui produisait quotidiennement des milliers de soutiens-gorge et autres sous-vêtements féminins.
Le principe était évident : une fille qui se marie finit par tomber enceinte. À partir de ce moment, elle devait quitter son emploi, suivant la loi de la Compagnie. Les congés de maternité n'étaient pas envisageables et les garderies presque inexistantes. En d'autres termes, si plusieurs femmes se mariaient avec le Christ en choisissant de devenir religieuse, d'autres épousaient la Compagnie. À Montréal, il y eut au temps de Maisonneuve la Compagnie de Jésus. À Québec, Georges-Élie Amyot fonda sa compagnie.
Tout cela pour insister sur un point particulier. Malgré le dur labeur, dans la chaleur inhumaine des jours d'été, le bruit débile des machines à coudre industrielles, les conditions de travail abrutissantes, ces belles dames trouvaient toujours le moyen de rire. J'en suis persuadé.
Oui, rire un bon coup, de temps à autre. Parce qu'il le fallait. J'ai un infini plaisir à imaginer ces femmes de toutes sortes, belles, jeunes, vieilles ou laides, obèses ou échalotes, s'éclater en se jouant des tours, en se moquant des contremaîtresses et laisser jaillir leur fou rire dans les toilettes ou les salles de pause. Voire même sur la chaîne de production, sous les rappels à l'ordre incessants des petites bosses.
C'est d'ailleurs ce que je reproche à beaucoup de nos historiens et dramaturges, anciens tant que modernes. Trop souvent, leurs récits accentuent le drame, les pleurs et la souffrance des acteurs de l'époque référencée. Ils ont oublié que nos ancêtres, nos grands-parents et nos parents savaient rire. Ils savaient rire, ils savaient chanter, ils savaient raconter. Aucun être humain ne peut survivre à la souffrance sans rire un peu. Sans se réserver certains divertissements en catimini, quitte à subir l'opprobre de « l'oppresseur ».
Avez-vous déjà écouté un vieux Vietnamien vous raconter ses trente ans de guerre? Moi, si. Et le bonhomme jaune souriait à pleines dents blanches, tout au long de son récit. J'ai observé aussi à la télé un vieil habitant de Kaboul relater comment les avions russes avaient détruit la maison où il élevait sa kyrielle de beaux enfants (en passant, je n'arrive pas à m'imaginer ces magnifiques garçons porter un jour la barbe noire, le turban et pas davantage ces jolies mômes cacher obligatoirement leur visage rieur d'un burqa). Or, cet Afghan riait à gorge déployée, tout en percevant l'écho des proches bombardiers américains. Cela se passait en 2001.
Aussi, je me permets d'affirmer ceci : nos ancêtres et nos grands-parents n'ont pas souffert autant. Enfin, certains d'entre eux, peut-être. Mais la plupart du temps, ils ne sortaient pas dans la rue en déchargeant une arme automatique comme le font depuis quelques années les habitants de Palestine qui ont tout perdu. Encore là, je sais que certains de nos ancêtres sont venus près de cette « solution », à cause du pain qui faisait défaut. Mais vous n'étiez pas né. Ce n'étaient pas les « années folles ». Comment qualifier ces années ?
N'empêche que ces filles couturières ont trimmé très dur, pour si peu. Elles ne s'empêchaient pourtant pas de rire, ouvertement ou en cachette. La compagnie leur a même interdit de chanter en travaillant. On a fini par couvrir leurs chants au moyen d'haut-parleurs diffusant des musiques de marches militaires, des concertos de piano rythmique ou du folklore instrumental: le principe consistant à éviter les paroles distrayantes dans la musique et maintenir la cadence de la chaîne de production à l'aide de tempos obsessionnels. L'efficacité exigeait de marier le pouls de l'ouvrière avec le roulement infernal des machines à coudre. C'est comme ça que ça marchait. Au pas, au pas.
Bien sûr, elles devaient pleurer de temps en temps. Le cafard, la tristesse, la morosité n'étant pas une invention récente.
Je reviendrai encore sur ces historiens et ces dramaturges qui ne se sont pas rappelé que nos ancêtres voulaient rire à tout prix. Je vous parlerai même de l'Ordre du Bon temps, d'un certain Samuel de Champlain.
En attendant, je termine la lecture d'une adorable petite étude sociologique intitulée : Les ouvrières de Dominion Corset à Québec, 1886-1988. Ne cherchez pas dans les nouveautés chez votre libraire, ce livre a paru en 1993. Et puis après? Si l'ouvrage est épuisé, ainsi que les retraitées de la Dominion, vous pourrez sans doute vous le procurer dans une bonne bibliothèque près de chez vous, comme je l'ai fait.
C'est tout de même un juste retour des choses que les Presses de l'Université Laval aient publié cette étude! Dans la factorie ré-usinée, façon design des années 2000, j'imagine les apprentis artistes sculpter leurs bronzes en chantant : I lost my baby, I lost my darling, I lost my friends.
Et les vieux murs hantés par la sueur et le labeur, de répondre, sur un air enjoué: I lost my mind. |
Serge Alain @ 19:49 -- Lien permanent -- |
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