Rêver à Québec |
Avant d'exercer les tâches d'explorateur, de navigateur, de géographe, de scientifique, de naturaliste, d'ethnologue, Champlain était d'abord un rêveur...
Dès 1617, Champlain voit grand pour la petite bourgade de Québec, composée alors d'une poignée d'individus. Il songeait, il rêvait au développement d'une ville d'importance majeure, de la taille des grandes villes européennes.
Cette ville serait Ludovica, en l'honneur du roi Louis XIII et serait bâtie dans ce qu'on appele aujourd'hui la basse-ville...
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Le Bon Temps des Atocas |
06 mars 2006 |
Les historiens ont aimablement entretenu quelques belles légendes sur l'Ordre du Bon Temps instauré par Samuel de Champlain en Acadie durant l'hiver 1606-1607.
Je vous suggère la lecture du chapitre qui lui est consacré dans le magnifique recueil rassemblé par Raymonde Litalien et Denis Vaugeois: Champlain, la naissance de l'Amérique française.
Moi-même, j'étais porté à y voir une quelconque origine de la bonne humeur proverbiale de nos aïeux. S'amuser, fêter, faire bombance, malgré le froid, la misère, l'adversité. Quel beau symbole historique!
Les convives s'amènent un par un, avec un plat à bout de bras, le premier dans la file portant à son cou un collier d'apparat qu'il donnera "au suivant" à la fin du festin, à charge de faire la chasse et la pêche pour le repas du lendemain, tandis que la musique joue autour et que quelques chefs indiens émerveillés applaudissent.
On se gave de gibier, de poissons, de fruits et légumes et aussi, de bon vin. Tant pis pour le froid et l'hiver, on se réchauffe en chantant, en mangeant, la Dolce Vita manière québécoise (future "pure laine"). Et parait-il, on y découvre incidemment les vertus de la canneberge (éventuellement, les atocas de nos réveillons ultérieurs... Atocas, sans doute un mot emprunté d'une langue amérindienne et qui, selon l'auteur, a contribué à fournir de la vitamine C à nos colons en mal de scorbut... je vais y revenir).
Semble-t-il, la réalité mérite qu'on partage les faits...
- Le but premier de l'Ordre du Bon temps était de bien se nourrir pour contrer le scorbut, justement, qui faisait perdre les dents, moisir les gencives et ultimement, mourir des dizaines de valeureux colons.
- Il fallait en outre cultiver la bonne humeur, remède universel contre la maladie mais aussi encourager l'absorption de viandes fraîches et autres denrées propres à la consommation, ce qui n'était pas toujours la norme en ces temps et en ces lieux.
- Psychologiquement, l'Ordre visait à donner de l'espoir aux pauvres petits gars de France, perdus dans le froid et prêts à se mutiner à la moindre occasion.
- Ainsi que d'impressionner les Indiens, accoutumés aux "mauvaises manières" et aux croyances inacceptables aux yeux de ces bons Catholiques. Selon Marc L'Escarbot, l'âme derrière l'Ordre du Bon temps:
En ces manieres de civilitez je n'ay dequoy louër noz Sauvages, car ils ne se lavent point és repas s'ils ne sont exorbitamment sales: et n'ayans aucun usage de linge, quand ils ont les mains grasses ils sont contraints de les torcher à leurs cheveux, ou aux poils de leurs chiens. De pousser dehors les mauvais vents de l'estomach, ils n'en font la difficultez parmi le repas".
Je suppose que les manières des Français étaient à peine plus "acceptables", en cette période où la fourchette n'avait pas encore été inventée.
- À une époque où la cuisine sophistiquée commençait à prendre ses aises à la Cours de France, pour donner naissance à ce que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de "gastronomie française". Ou l'Art de la Table. Il fallait donc suivre la mode et l'implanter dans les contrées sauvages.
- Le cérémonial devant entourer la procession vers le repas et durant celui-ci avait quelque chose de saint, de royal, de prestigieux, comme le dernier repas de Jésus avec ses apôtres, tout en étant un symbole de partage: on y conviait quelques-uns des subalternes de la colonie, on donnait du pain et du vin aux chefs indiens, Une communion, quoi.
Toujours est-il que Champlain n'a pas répété la coutume de l'Ordre une fois rendu à Québec. On ne sait pas pourquoi.
Mot de la fin: la chrétienté est savamment évoquée par l'auteur pour expliquer l'instauration de l'Ordre du Bon Temps (sauf Jérusalem comme tel).
En créant l'ordre de Bon Temps, l'élite de la colonie du Port-Royal avait voulu transplanter l'art de vivre de l'aristocratie française. (...) Au contact des réalités du Nouveau Monde, une nouvelle France naissait, déjà bien différente de l'ancienne. |
Serge Alain @ 23:04 -- Lien permanent -- |
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